Le 25 septembre 2023

L’affaire Iziwork et la remise en cause de la communication hyperbolique des start-ups

Encore un nouveau rebondissement dans le monde impitoyable des start-ups avec l’affaire Iziwork !

Ces derniers jours, nous avons pu assister à une énième illustration des dérives de la communication dans le secteur. Mais cette fois, nous ne sommes pas du côté de Palo Alto ou Manhattan. Bien au contraire, l’histoire se déroule en France. Pour rappel, Iziwork est une agence d’intérim numérique créée en 2018, présentée il y a encore quelques mois comme une future licorne française et présente dans la très officielle liste du FrenchTech 120.

Après une série d’excès managériaux dénoncés en janvier 2021 par des témoignages anonymes sur la page Instagram Balance ta start-up, cet été, la machine à succès s’est grippée avec une première alerte venant du média L’Informé, qui a publié en août un article sur les difficultés de l’entreprise.

Et comme le rapporte le quotidien Les Echos cette semaine, Iziwork a été placée en redressement judiciaire le 12 septembre dernier alors même qu’elle avait annoncé une semaine plus tôt avoir été rachetée par le groupe familial Proman, le 4ème acteur européen sur le marché du travail en intérim. En pleine shitstorm, La Lettre A annonçait dans le même temps que le fondateur d’Iziwork avait négocié ce rachat sans en informer le Comité interministériel de restructuration industrielle, chargé des restructurations à Bercy. Aujourd’hui, le tribunal de commerce de Nanterre a placé sa start-up en redressement judiciaire et les repreneurs potentiels ont jusqu’au 25 septembre pour déposer un dossier de reprise auprès des administrateurs judiciaires mandatés.

Évidemment, le risque fait partie intégrante de la vie des start-ups et de l’entrepreneuriat en général. Dans cet univers ultra concurrentiel, la sortie de la traversée de « la vallée de la mort » est un exercice éminemment complexe. La critique est aisée mais l’art est difficile ! Mais l’adage californien des start-ups « fake it ‘til you make it » a définitivement du plomb dans l’aile. Notamment pour les communicants ! L’utilisation récurrente du champ lexical de la démesure avec des termes consacrés comme « l’hypercroissance » ou « la transformation du marché », et des emojis fusée et biceps contracté sur LinkedIn, ne suffit plus. Au-delà de la communication corporate et des éléments de langage habituels, les investisseurs sont revenus de l’euphorie et ont besoin de garanties concrètes avec des éléments de preuves neutres, factuels et vérifiables.

Cette situation permet d’ouvrir le débat vers une remise en cause de la part des communicants qui peuvent manquer d’humilité dans les messages qu’ils proposent à leurs clients, des journalistes qui ont la possibilité de questionner plus profondément les annonces grandiloquentes de ces entreprises, et enfin des politiques qui encadrent le secteur tout en y injectant des fonds publics via Bercy ou Bpifrance.

A suivre…

Lien

Par Vincent Prevost, directeur d’Opinion Valley